À propos

Pourquoi ce site ?

Depuis 2004, je voyage exclusivement à vélo. Mes diverses escapades m’ont permis de découvrir une partie de l’Europe au ralenti – et ce continent que je croyais connaître un peu pour l’avoir déjà parcouru, notamment en train, m’est apparu sous un jour nouveau.

Désormais, ce ne sont plus les destinations qui comptent, mais bien le parcours lui-même. D’ailleurs, le voyage n’a généralement pas de « destination », juste un cap vague, que je modifie au gré de mes envies, selon le vent dominant ou mon état physique. A l’arrivée, il n’y a rien d’autre que le bonheur d’avoir parcouru le chemin, des images plein la tête, la fatigue… et une gare. Où je saute dans un train pour rentrer.

Informer sur le cyclotourisme

Au fil des années et au gré de rencontres sur la route, ou le soir au camping, je me suis rendu compte que le voyage à vélo suscitait autant de curiosité et d’intérêt que d’appréhension chez les autres voyageurs. Dans ces discussions, l’image d’une activité marginale, réservée à des sportifs de haut niveau, s’imposait parfois au détriment de l’idéal de liberté que peut représenter une longue échappée cycliste, sans destination précise. J’espère donc apporter des éléments de réponse positifs à tous ceux qui se posent des questions sur cette façon d’arpenter la planète – et d’abord l’Europe.

Proposer des itinéraires à l’écart du trafic

Par ailleurs, si l’on trouve pour les pays du Nord de l’Europe un certain nombre de guides de voyage proposant des itinéraires spécifiques aux cyclotouristes, c’est nettement moins le cas pour le sud du continent – exception faite toutefois des publications néerlandaises, hélas peu utiles à ceux qui ne maîtrisent pas cette langue. Ayant constaté qu’un certain nombre de voyageurs préfèrent suivre un itinéraire balisé plutôt que d’en inventer un au fil des jours, j’ai décidé de mettre à disposition sur le web les routes que j’ai parcourues à vélo.

La pertinence de cette démarche m’est apparue pour la première fois clairement en juin 2011, alors que je préparais mon voyage vers le Nord. J’avais le projet de me rendre au Danemark et cherchais un itinéraire pour traverser l’Allemagne, depuis Bâle – sans prendre l’autoroute ! Après une recherche infructueuse sur Google, j’ai passé des heures sur le site de l’office du tourisme allemand. Finalement, en mettant bout à bout plusieurs parcours(*) présentés dans les pages dédiées au cyclotourisme, je suis parvenu à construire un itinéraire menant de Saarbrücken dans le sud-ouest à la frontière danoise, soit près de 1600 km de route cyclable jamais publiée auparavant dans son intégralité (ou alors introuvable).

Susciter la curiosité, inciter au voyage

En outre, ayant dès l’enfance passé la plus belle partie de ma vie « sur la route », je ressens le besoin de communiquer cette passion de la découverte de nouveaux horizons et de témoigner ainsi de ma gratitude envers ceux qui m’y ont initié (mes parents) ou m’ont accompagné. On trouvera plus d’infos sur mes voyages non cyclistes dans une courte bio publiée sur ce site.

Lutter contre la destruction de l’environnement

Enfin, alors que l’aliénation néolibérale entraîne l’humanité et la planète dans le mur, je souhaite motiver d’autres citoyens à adopter une mobilité douce, y compris pour voyager. Il n’existe rien de tel qu’une longue échappée cycliste sur les chemins de traverse pour prendre la nécessaire distance avec la multiplication des mauvaises nouvelles et des enjeux politiques souvent dévoyés.

CO2Sur le chemin de l’émancipation citoyenne et d’une société débarrassée de l’hérésie de la croissance infinie, j’espère pouvoir contribuer modestement à la décroissance rapide de deux industries particulièrement destructrices : celles des énergies fossiles et de la bagnole. Ainsi, chaque personne que je contribuerai à sortir d’une voiture ou d’un avion au moment du départ en voyage représentera pour moi une petite victoire.

A vélo, le monde est de nouveau grand. Beau. En paix.

Si vous ne me croyez pas, allez sur un pont enjambant une autoroute européenne, et contemplez la fin du monde !

Remerciements

Ce site n’aurait jamais vu le jour sans l’aide et les conseils avisés de Fabrice Cortat (son site : Wonderweb). Je lui en suis très reconnaissant.

Raphaël Clerici, août 2012

Salève

 

 

 

 

 

(*) Véloroutes allemandes empruntées, du sud au nord : Saar Radweg, Mosel Radweg, Lahntal Radweg, Fulda Radweg, Weser Radweg, Nordseeküsten Radweg, plus quelques pistes cyclables locales.

 

« Je ne sais pas comment vous expliquer… Vous êtes sur une plage, face à la mer, et voyez des enfants qui se chamaillent autour d’un château de sable. Ils se disputent un seau ou une pelle et vous voyez une barre sombre qui se rapproche et devient un mur et vous voulez crier aux gens, vous voulez leur dire et ils ne vous entendent pas. Vous ressentez physiquement les limites de la nature. Voilà, c’est ça : vous éprouvez les limites. Tout devient obsédant. La bétonisation qui progresse comme une lèpre et vous savez que c’est un processus irréversible. L’assèchement des sous-sols et vous savez que c’est sans retour possible. Vous voyez les flux toujours plus serrés qui sont comme des tumeurs malignes autour d’un cœur et le cœur s’emballe, de plus en plus vite. Tout est changé. Plus rien n’est innocent. Derrière chaque objet il y a un parc de machines, des transports, une dépense d’énergie, et vous vous les représentez. Vous imaginez l’odyssée de chaque objet importé, le porte-conteneurs à Shanghai, la longue traversée, l’entrepôt à San Francisco, les camions qui foncent sur l’autoroute et à nouveau les entrepôts, et à nouveau les camions, jusqu’à l’hypermarché de merde. C’est une connaissance et une sensation. Vous devenez dingue, en fait, vous commencez à tout calculer, de façon obsessionnelle. Le spectacle d’un pavillon en construction vous serre le cœur parce que vous savez que c’est un énième acte d’occupation irréversible. C’est une invasion et un meurtre. Et les milliards de gestes de consommation qui sont des meurtres sans coupable parce que personne n’est responsable du tableau d’ensemble, personne n’a pour projet personnel d’enlaidir le monde, encore moins de détruire la civilisation. Imaginez-vous. […] Vous êtes entouré de gens qui participent à détruire le monde, animés de la meilleure volonté, concentrés sur leur tâche, à la poursuite du bonheur pour les uns, essayant simplement de survivre pour les autres. Tous, sans connaissance de ce à quoi ils travaillent. Mais vous, vous voyez le tableau d’ensemble. […] Et chaque petit geste anodin devient une pièce du puzzle et le puzzle représente une décharge putrescente sur laquelle des enfants jouent avec un morceau de pneu, sous un soleil vert. »

Abel Quentin, Cabane, 2024